L’auteur de l’attentat-suicide, qui a tué hier mardi dans le coeur historique d’Istanbul au moins 10 personnes, est membre du groupe Etat islamique (EI), a affirmé le Premier ministre islamo-conservateur turc, Ahmet Davutoglu. Neuf Allemands figurent parmi les victimes.
« Nous avons déterminé que le responsable de cette attaque est un étranger membre de Daech« , a dit M. Davutoglu lors d’une brève déclaration télévisée à Ankara.
Le chef du gouvernement a indiqué que « toutes les victimes sont de nationalité étrangère« . Il a présenté ses condoléances à leurs familles et promis de faire toute la lumière sur cet attentat qui a visé des touristes.
Des touristes allemands, norvégiens et péruviens figurent parmi les blessés, selon la chaîne de télévision CNN Turk. Le ministère allemand des Affaires étrangères a appelé ses ressortissants à éviter les lieux de rassemblement et sites touristiques à Istanbul.
Quinze blessés
L’attaque dans le quartier très touristique de Sultanahmet a en outre fait 15 blessés, dont deux dans un état grave, selon les autorités.
A l’issue d’une réunion d’urgence autour de M. Davutoglu, le porte-parole du gouvernement, Numan Kurtulmus, a annoncé que l’auteur de l’attentat avait été identifié comme un Syrien né en 1988. Il n’a toutefois pas donné son nom. Dans l’après-midi, M. Kurtulmus a indiqué à la presse que cette personne était tout récemment entrée en Turquie depuis la Syrie.
En janvier 2015, une kamikaze s’était fait exploser devant un poste de police sur le même site de Sultanahmet, blessant deux policiers. L’attaque avait été attribuée à une organisation d’extrême-gauche, le Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C), qui a commis plusieurs attentats ces dernières années.
Combats meurtriers
Cette explosion intervient alors que la Turquie est en état d’alerte maximum depuis l’attentat le plus meurtrier survenu sur son sol, qui a fait 103 morts. Cette attaque a été attribuée par le gouvernement islamo-conservateur à l’EI.
Le 23 décembre, l’aéroport Sabiha Gökçen, sur la rive asiatique de la plus grande ville de Turquie, a également été la cible d’une attaque au mortier qui a fait un mort et un blessé. Une organisation armée kurde, le groupe des Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK) avait revendiqué l’opération en riposte aux « attaques fascistes qui réduisent en ruines les villes kurdes ».
Après plus de deux ans de cessez-le-feu, des combats meurtriers ont repris depuis l’été entre les forces de sécurité turques et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ces affrontements ont fait voler en éclats les pourparlers de paix engagés en 2012 pour mettre un terme à un conflit qui a fait plus de 40’000 morts depuis 1984.
Les allemands en première ligne
L’Allemagne est le principal pays émetteur de touristes à destination de la Turquie, avec 258 613 entrées dans le pays en novembre 2015, soit 15 % du total. En 2014, un total de 36,8 millions de touristes avaient visité la Turquie, 6e destination mondiale.
Le ministère allemand des Affaires étrangères a recommandé avec insistance aux voyageurs se trouvant à Istanbul d’éviter provisoirement les lieux de rassemblement, notamment sur la place publique et aux abords d’attractions touristiques, a indiqué le ministère sur son site internet.
Le ministère a par ailleurs indiqué ne pas pouvoir exclure que des ressortissants allemands ont pu être victimes de l’explosion. Le centre de crise de la diplomatie allemande s’est saisi du dossier.
Le voyagiste TUI a quand à lui indiqué proposer à ses clients, qui avaient un voyage prévu à Istanbul jusqu’au 18 janvier, d’annuler ou de modifier leur voyage gratuitement, après l’attentat.