Thalys, ceux qui l’aiment prendront le train


Crise, attentats, concurrence du car et du covoiturage… Thalys ne pouvait pas rester sans rien faire. Et si son trafic affaire reste toujours relativement stable entre 2015 et 2014, malgré les événements dramatiques de l’année dernière, le marché loisirs s’est sensiblement effrité ; un effritement qui aurait couté au transporteur 14 M € de manque à gagner en 2015.

Et pourtant ça démarrait bien, avec une hausse de 2 % pour le trafic et de 0, 8 % pour le chiffre d’affaires. Mais ça, c’était sur le 1er semestre, avant que le second semestre ne connaisse la panne et fasse chuter les résultats 2015 à – 0,1 % pour le trafic et – 1, 7 % pour le chiffre d’affaires.

Outre les améliorations sur le produit, comme un système wifi plus efficace et plus fiable, des nouveaux salons à Paris Nord et Bruxelles Midi, ou une restauration de meilleure qualité, Thalys s’est aussi profondément réorganisé pour optimiser l’exploitation de ses 26 rames et fidéliser sa clientèle, business en particulier.

Et ça donne des résultats, si l’on en croit le taux de satisfaction des clients qui pointe joliment à 88 % ; si l’on en croit aussi les taux de ponctualité : 92 % à 15’ près, 89 % à 10’.

Pourtant cela ne suffit pas.

La fréquentation loisirs entre Paris et Bruxelles ne repart pas aussi vite qu’espéré. Elle reste en retrait de 15 à 20 % selon les sources et le trafic de février 2016 enregistre un recul de 6 %.

Scheherazade Zekri-Chevallet_Thalys_(c)davidplasD’où l’objectif de « reconquérir le marché Loisir » comme l’ont expliqué Agnès Ogier, la DG du Thalys, et sa directrice marketing & commercial, Sheherazade Zekri-Chevallet (photo), devant la presse hier matin.

Premières cibles de cette offensive : les jeunes et les familles, plus attirés par le prix que par la ponctualité et beaucoup plus souples sur les horaires.

Il y a déjà eu les prix d’appels à 29 €, les 40 000 billets des soldes de janvier et les 80 000 prévus dans l’opération « promo de printemps ». On a reconduit aussi la formule Tick Up, une offre de dernière minute façon « covoiturage ».

Mais la véritable arme fatale du transporteur, c’est « ISY » : une solution Low Cost « by Thalys », comme disent aujourd’hui les markéteurs dans le vent.

thalys__comfort_2Ouvert à la vente depuis hier mardi, ISY démarrera sa carrière le 3 avril, exclusivement sur la ligne Paris-Bruxelles, avec 2 rames TGV louées à la SNCF, pour 2 fréquences quotidiennes en règle générale mais 3 le vendredi et le dimanche, histoire de séduire les « week-enders ».

Certes, puisqu’on utilise des lignes classiques sur le sol français, le temps de parcours sera plus long, entre 2h et 2h30 contre 1h20 en moyenne pour le produit traditionnel.

Certes également, les services seront simplifiés ; plus de bar, par exemple, et un seul bagage par passager…

Certes enfin, la distribution est uniquement en ligne et seuls les OTA pourront revendre ISY ; pas de GDS…

Ce genre de détails permet de baisser de 30 % les coûts de production… ce qui autorise une certaine audace sur les prix : un prix d’appel à 19 €, 10 pour les enfants de moins de 12 ans, et 59 € comme tarif maximum, pour des ventes ouvertes avec 2 mois d’avance en moyenne.

Voilà qui nous rapproche considérablement des tarifs pratiqués par les autocars… un mode de transport très en vogue chez les jeunes depuis l’arrivée de M. Macron au gouvernement.

En revanche, pour 10 € supplémentaires, les passagers pourront personnaliser leur transport en y ajoutant des options, un siège plus large ou des bagages supplémentaires.

Certains, les « accro » du « bon plan » notamment, pourront même voyager debout pour 10 €, avec l’un des 10 billets sans garantie de place assise, ou pour 15 €, en profitant de l’un des 25 strapontins de la rame.

Pour un jeune, seul ou en bande, 2h debout ou sur un coin de siège, c’est vrai, ce n’est pas la mer à boire…

Pour Thalys, en tout cas, les deux rames, avec leurs 393 places, dont 110 en sièges XL, représentent 10 % de capacités supplémentaires pour une offre qui reste largement compétitive par rapport au 3h-3h30 de route.

Le transporteur ne se fixe pas d’objectif chiffré, mais si l’on en juge par le vert de la livrée des trains ISY, on se dit qu’il croit beaucoup au produit.

Le vert, c’est bien la couleur de l’espérance, non ?

Bertrand Figuier





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