Il y a quelques jours, nous avions évoqué la situation de l’Indonésie face au coronavirus (www.laquotidienne.fr/tourisme-en-indonesie-ou-un-gros-scandale-est-en-train-de-couver/ [1] ) . Cela nous a valu les foudres de la représentante de l’office du tourisme en France. Aujourd’hui, nous évoquons la Birmanie… La Quotidienne aime bien évidemment tous ces merveilleux pays, mais malheureusement, le manque de réaction de certains dirigeants face à la pandémie actuelle est inquiétant.
L’Indonésie aura des difficultés à rattraper le temps perdu
Le président indonésien Jokowi Widodo et son gouvernement ont reçu beaucoup de critiques pour leur gestion de l’épidémie de Covid-19 dans leur pays. L’Indonésie a perdu un temps précieux pour se préparer à une pandémie qui a déjà ravagé d’autres pays avec des systèmes de santé plus robustes.
Mais en dehors de la question de la logistique médicale, les dirigeants politiques doivent surmonter l’obstacle culturel lié à l’imposition de mesures de distanciation sociale dans un pays avec un très fort sens du communautarisme.
Il y a plusieurs jours, 8 000 personnes se sont réunies à un rassemblement islamique à Gowa, dans le sud de Sulawesi, malgré les objections des autorités locales. On imagine, malheureusement, les ravages que subira ce grand pays de plus de 250 millions d’habitants.
La Birmanie et Aung San Suu Kyi sont dans le déni
Si l’on en croit la prix Nobel de la Paix, Aung San Suu Kyi, son pays se distingue comme une exception mondiale sans un seul cas signalé de Covid-19.
Elle a osé affirmer : « Jusqu’à présent, personne dans notre pays n’est infecté par Covid-19 ». Zaw Htay, un porte-parole du gouvernement, a déclaré lors d’une conférence de presse le 14 mars que « le Covid-19 n’est toujours pas présent au Myanmar. Le gouvernement et le ministère de la Santé publient de vraies nouvelles… le mode de vie et l’alimentation des citoyens du Myanmar sont bénéfiques contre le coronavirus. »
La Birmanie partage une frontière avec la Chine
La Birmanie partage une frontière de 2 100 kilomètres avec la Chine. Un grand nombre de personnes traversent quotidiennement et officieusement la frontière entre le Myanmar et la Chine pour le commerce et le travail. Pour rappel, le pays compte plus de 54 millions d’habitants.
De nombreux travailleurs birmans reviennent de Thaïlande
La probabilité que des cas de Covid-19 non détectés soient importés par une récente vague de travailleurs birmans de retour de Thaïlande. Ils seraient au moins 32 000 à être passés via une frontière terrestre. Il n’y a eu aucun contrôle sanitaire !
Les expatriés ont fui le pays
Bijay Karmacharya, le plus haut responsable d’ONU-Habitat (un programme dédié aux établissements humains et au développement urbain durable), comme beaucoup d’autres, ont des raisons raisonnables de douter de l’évaluation du gouvernement compte tenu du nombre limité de personnes qui ont effectivement été testées. De plus, les établissements de santé sont presque inexistants dans la plupart des zones rurales et les hôpitaux des villes sont mal équipés pour faire face à une éventuelle épidémie de Covid-19.
Les autorités démentent les infections malgré les faits
Les autorités sanitaires du Myanmar ont rapidement nié que des décès étaient liés à Covid-19.
Au moins 11 patients présentant des symptômes indicatifs du virus sont décédés sous observation, notamment dans les États de Shan et Rakhine et dans les régions de Mandalay, Bago et Magway. Les autorités ont affirmé qu’elles avaient décédé d’autres causes.
Un premier mort officiel
Un homme de 69 ans, qui avait un cancer du nez, est décédé le 31 Mars, à l’hôpital Waibargi. Il avait été testé positif le 26 mars après avoir souffert de symptômes tels que fièvre, toux et maux de gorge. Avant cela, il s’était rendu en Australie pour un traitement médical pendant un mois et s’était rendu à Singapour pendant une courte période.
Le 2 avril dernier, la Birmanie a reconnu 16 cas de coronavirus et un décès par pneumonie.
Selon l’Institut américain de la santé, les conditions de santé en Birmanie se sont quelque peu améliorées au cours de la dernière décennie, mais depuis 2006, il figure néanmoins parmi les 57 pays confrontés à une grave pénurie de personnel de santé. Les résultats ont également montré que 13 des 15 États et régions étaient en dessous du nombre minimum recommandé d’un médecin pour 1 000 habitants.
Les militaires en profitent pour montrer leurs muscles
Après des semaines de dénis officiels invraisemblables, la Birmanie fait enfin face à la réalité de son épidémie de Covid-19.
La nation pourrait également bientôt faire face à une nouvelle réalité politique alors que les puissants militaires, tirent parti de la situation pour faire reculer les droits démocratiques.
Un comité a été formé par le gouvernement et un autre par les militaires. Ce dernier est dirigé par le premier vice-président Myint Swe, ancien général connu pour ses antécédents dans la répression meurtrière de la protestation de 2007 contre la révolution du safran menée par les moines bouddhistes.
La Chine et Singapour viennent en aide au pays
Deux fondations chinoises, la Fondation Jack Ma et la Fondation Alibaba, ont fait don de fournitures médicales au Myanmar pour aider à combattre le COVID-19 dans le pays. Singapour a également fourni au Myanmar 3 000 tests de diagnostic et des appareils pour tester la maladie.
Le Laos voisin est dans la même situation. Une équipe médicale chinoise est arrivée le 29 Mars dernier pour aider les autorités qui doivent faire face aux premiers décès dus au Covid-19.
Serge Fabre