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Tourisme & covid-19 : le grand Cœur du groupe Accor

Le patron d’ Accor, Sébastien Bazin, invité sur plusieurs plateaux de télévision pour évoquer la situation du groupe hôtelier pendant l’épidémie actuelle, a surpris beaucoup de monde. On connaissait le financier froid et lucide, on a découvert un homme chaleureux et profondément solidaire avec ses collaborateurs.

75 % du personnel au chômage

Il a indiqué : « Entre le 20 et le 30 mars, nous avons imposé à 220.000 personnes, soit 75 % de nos 300.000 collaborateurs de ne pas revenir le 1er avril ». Il poursuit « c’est la pire décision de ma vie »… « Si en France, le personnel bénéficie d’un régime favorable, ce n’est pas le cas au Chili, au Laos ou même aux Etats-Unis et ça c’est dégueulasse ».

«ALL Heartist Fund» : le fonds de soutien d’Accor

« Le conseil d’administration d’Accor a décidé de retirer (partiellement) sa proposition de versement d’un dividende 2019 d’environ 280 Millions d’euros. Après consultation des principaux actionnaires du Groupe, JinJiang International, Qatar Investment Authority, Kingdom Holding Company et Harris Associates, Accor a décidé d’allouer 25 % du dividende prévu (70 M €) au lancement du plan « All Heartist Fund ».

Ce fonds vient en aide aux 300 000 salariés du groupe, s’engageant à payer leurs frais hospitaliers liés au Covid-19, pour ceux qui ne bénéficient ni de la sécurité sociale ni de l’assurance médicale, ainsi qu’aux salariés souffrant de grandes difficultés financières. 

 « En outre, précise Sébastien Bazin, le Groupe poursuivra le déploiement de ses actions solidaires pour accompagner les professionnels de santé de première ligne et les associations ».

Le patron réduit légèrement son salaire pour la bonne cause

Sébastien Bazin, président-directeur général d’Accor, renoncera à 25 % de sa rémunération pendant la crise.

L’équivalent en espèces sera également versé au Fonds. Et les membres du conseil vont réduire leurs jetons de présence de 20 %… au profit du fonds.

La plateforme CEDA pour proposer des solutions d’hébergement pour ceux qui en ont besoin

Sébastien Bazin a aussi rappelé que si les hôtels n’accueillent pas de clients, ils peuvent tout de même servir. « On peut les utiliser pour accueillir des personnes infectées ou héberger et nourrir le personnel soignant ou les forces de police ». Cette opération a déjà été lancée en France.

A Paris, 3 500 personnes sont hébergées. « Nous déployons cette opération en Belgique, en Angleterre, aux Etats-Unis, au Pérou, au Vietnam et au Canada ».

Pour cette opération, le groupe Accor a créé la plateforme CEDA, pour Coronavirus Emergency Desk Accor, afin de centraliser les besoins et proposer des solutions d’hébergement à travers la France en collaboration avec les hôteliers du groupe Accor et les autorités compétentes.

Le groupe sauvé par la vente de son parc immobilier

Le groupe a été scindé en deux depuis 2013. Il y a d’un côté, Accor et la commercialisation de chambres dans ses innombrables marques.

De l’autre, il y a Accor Invest la branche immobilière qui est devenue en 2017 Accor Invest Group, investisseur, propriétaire des hôtels Accor.

En mai 2018, Accor a ouvert le capital social d’Accor Invest aux investisseurs de long terme, parmi lesquels les fonds souverains et des investisseurs institutionnels, afin de permettre à Accor Invest d’atteindre ses ambitions en termes de croissance et de développement.

Sébastien Bazin précise : « Nous n’aurions jamais pu faire tout ça si nous n’avions pas vendu les murs de nos hôtels. Nous sommes devenus uniquement une société de service, au profit de nos clients et propriétaires. Si nous ne l’avions pas fait, ce n’est pas des centaines de millions d’euros que nous perdrions dans cette crise, mais des milliards. Et nous n’aurions pas 2,5 milliards d’euros de trésorerie. Accor serait aujourd’hui à genoux ».

Les hôteliers indépendants risquent gros

Sébastien Bazin a indiqué que les hôteliers indépendants ont 4 mois de trésorerie au maximum.

« Au-delà, il y a des risques de faillites s’ils ne bénéficient pas d’aides significatives. Il y a de grandes chances que les français soient incités à rester en France durant les vacances d’été« .

Il faut espérer que les hôteliers puissent en profiter car ils risquent de ne pas voir beaucoup d’étrangers sur le territoire !

Serge Fabre