Le tourisme qui n’était que la cinquième roue des gouvernements est devenu en l’espace de quelques mois un enjeu de pouvoir entre trois ministres : l’influent Laurent Fabius, la dynamique Fleur Pellerin et l’omniprésent Arnaud Montebourg. Pas moins !
Le premier intervient tous azimut, la seconde ne sait plus si elle doit s’exprimer et le troisième ne manque pas une occasion de rappeler que le tourisme relève aussi de son ministère.
À croire que les politiques ont soudain pris conscience du dynamisme d’un secteur qui avec l´agriculture permet de parler d’autres choses que de délocalisations, de plan de licenciements et de déficit commercial. Un atout appréciable lorsqu’en pleine période de crise un gouvernement cherche quelques bonnes nouvelles à annoncer.
Mais après tout peu importe la raison, il était grand temps que le tourisme apparaisse aux politiques pour ce qu’il est, à savoir une industrie prometteuse, et que notre pays affiche une véritable ambition dans ce domaine. Aussi, quand Laurent Fabius annonce 30 mesures pour booster la compétitivité du tourisme, on se dit que quelque chose est bel et bien en train de changer.
Des intentions louables
Hélas ! À sa lecture, la liste de Laurent Fabius présente comme un air de déjà vu, avec des améliorations dont personne ne contestera le bienfondé mais qui ne dépassent jamais le stade des bonnes intentions.
Tous les professionnels le savent et le déplorent : si la France est première en terme de fréquentation elle n’est en revanche que troisième en termes de recettes derrière l’Espagne. Il nous faut, affirme Laurent Fabius, remédier à cette anomalie et faire en sorte que les touristes dépensent plus en france. Très bien. Tous les experts qui y voient une priorité et qui plus est un objectif réaliste ne peuvent qu’approuver.
Reste une question, la question essentielle : comment faire ? Et c’est malheureusement là que le bas blesse.
La solution ne consiste pas comme Laurent Fabius semble le croire à accueillir 100 millions de touristes.
Aujourd’hui, sur 83 millions de touristes, près de 20 % ne font que transiter en France pour se rendre ailleurs. C’est en incitant ceux qui ne font que passer à rester et ceux qui viennent passer leurs vacances en france à séjourner plus longtemps. Ce n’est qu’ainsi qu’ils pourront dépenser plus !
L’essentiel reste à faire
Pour cela, les déclarations d’intention ne suffisent évidemment pas.
Il faut que les touristes aient la possibilité de faire des achats tout au long de la semaine, dimanche compris. Il faut que les hôtels soient compétitifs et non pas taxés un peu plus.
Il faut que Paris donne des signes claires de sa volonté d’accueillir les touristes et ne projette pas comme le fait l’équipe d’Anne hidalgo de restreindre la circulation des autocars de touristes.
Il faut également réfléchir à l’attribution de subventions à des organismes parapublics dont le professionnalisme et la valeur ajoutée ne sont pas démontrés. Et que paris devienne une porte vers d’autres régions.
On le voit il reste beaucoup de chemin à faire pour renforcer l’atout du tourisme. Que la crise soit l’occasion d’une prise de conscience salutaire est une bonne nouvelle. Reste à entrer dans le vif du sujet en commençant par doter le tourisme d’un interlocuteur unique.
Un seul ministre responsable pour s’atteler à un chantier de cette ampleur plutôt que trois qui passent une partie de leur temps à se disputer sur leurs compétences respectives c’est bien le moins que pourrait faire le gouvernement.
Maintenant y a plus qu’à, comme on dit…
Richard Vainopoulos