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Tourisme et Transport aérien : le Coup de grâce écologique

Tout le monde est bien d’accord sur la nécessité de sauvegarder notre planète ce qui nécessitera de faire d’importants efforts. Chaque secteur d’activité a d’abord tenté de renvoyer la responsabilité à ses voisins censés polluer davantage. Cela permettait de gagner du temps. Pendant longtemps, le transport aérien a tenu ce genre de raisonnement. Mais c’était le passé.

Depuis des années, en dépit d’une croissance régulière largement supérieure à celle du PIB mondial, le pourcentage d’émission de CO² diminue régulièrement.

En fait les acteurs du secteur ont fait le constat que l’écologie était économiquement vertueuse.

Moins on consomme, moins on émet de pollution, et moins cela coûte. Grosso-modo, à la notable exception du contrôle aérien qui peine à se réformer et surtout à rationnaliser l’espace en retaillant les routes et en mettant enfin en opération en Europe le schéma SESAR (Single European Sky Air Traffic Management Research), tous les autres acteurs y sont allés de leur contribution.

Les constructeurs tout d’abord qui mettent sur le marché des appareils non seulement plus fiables, mais plus légers et infiniment moins consommateurs de carburant et de bruit. Les transporteurs qui petit à petit compensent les émissions de CO² que produisent leurs vols et utilisent en partie des carburants non fossiles.

Les aéroports qui s’équipent de matériels électriques et même certains agents de voyages qui eux aussi compensent les émissions en plantant des arbres un peu partout sur la planète. Bref, tout le monde s’y est mis et c’est d’ailleurs ce qui explique les premiers bons résultats déjà engrangés.

Ce n’est pas tout. Les autorités gestionnaires du transport aérien au premier rang desquels IATA et l’OACI ont fixé des objectifs très ambitieux : une réduction de 50 % des émissions à l’horizon 2050 alors que le transport aérien aura au moins doublé, même en comptant les effets ralentisseurs du
Covid 19.

Bref tout devrait aller dans le meilleur des mondes s’il n’y avait pas l’influence d’extrémistes du climat. Et ces derniers tapent fort au point d’imposer un véritable diktat écologique.
J’en veux pour preuve les récentes déclarations gouvernementales à la suite du plan de sauvetage d’Air France. L’appellation est d’ailleurs excessive car le plan consiste à garantir des emprunts à hauteur de 4 milliards d’euros et à fournir un prêt d’Etat pour 3 milliards d’euros. Autant dire que
cela ne coûte rien à l’Etat, au moins pour le moment.

Seulement le Ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire a mis une condition : l’abandon des lignes domestiques qui étaient desservies en train en moins de 2h30. Et cela n’a pas suffi.
Peu de temps après, le Secrétaire d’Etat aux Transports Mr Jean-Baptiste Djebarri a renchéri en indiquant que ces dessertes abandonnées de force ne seraient pas reprises par un autre transporteur.

Ces décisions posent plusieurs questions. D’abord pourquoi les premières annonces ont-elles été
faires par le Ministre de l’Economie et des Finances et non pas par la Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire dont dépend le Secrétariat aux Transports ?

Deuxième question : en quoi un actionnaire minoritaire, rappelons que l’Etat français ne détient que 14,30 % d’Air France/KLM, peut-il dicter sa stratégie à une compagnie aérienne.

Si les responsables d’Air France décident de l’abandon de ces dessertes, c’est de leur entière responsabilité.

Imagine-t-on le Gouvernement néerlandais donner de telles instructions aux dirigeants de la compagnie ?

Enfin, et c’est sans doute le plus grave, de quel droit le Secrétaire d’Etat aux transports prive-t-il les clients des lignes promises à l’abandon du choix de leur moyen de locomotion ?

Je remarque d’abord que la Gouvernement français a, comme ses collègues européens, signé le 22 mars 1992 un accord d’Open Sky entré en vigueur le 01 janvier 2002, c’est-à-dire il y a 18 ans.

Ce traité permet à n’importe quelle compagnie européenne de desservir n’importe quelle ligne à l’intérieur des pays signataires.

C’est ainsi qu’EasyJet, Ryanair ou Volotea ont pu se substituer aux compagnies françaises et fournir un service suffisamment apprécié par les clients pour leur permettre de gagner de l’argent. Est-ce à dire que la France va sortir de l’accord de Ciel Ouvert européen ?

En fait on voit bien s’insinuer la main mise des écologistes professionnels dans la politique
gouvernementale quitte à bafouer les droits élémentaires de la liberté de choix des populations.

J’ose espérer que les annonces ministérielles ne seront pas suivies d’effet et que d’autres compagnies pourront se substituer à Air France et ses filiales, si le groupe est amené à obtempérer aux conditions qui lui ont été dictées.

Le transport aérien est d’abord synonyme de liberté et il est un des facteurs déterminants du développement économique.

Le « bashing » aérien devient insupportable. Laissons donc faire les acteurs de ce secteur d’activité. Ils ont fait des promesses. Il ne tient qu’aux gouvernants à en contrôler leur réalisation.

Jean-Louis Baroux