Le tourisme garde bonne mémoire
5 juillet 2017 Serge Fabre Aucun commentaire Production Auschwitz, dark tourism, ground zero, Holocauste, Moffat, Tourisme de mémoire 4627 vues
La fascination pour le tourisme de mémoire est innée. Les anglo-saxons évoquent plutôt le « dark tourism ». C’est un professeur britannique qui a inventé ce terme. A ce sujet, il raconte que « le touriste du 21e siècle a une fascination pour visiter les sites de génocides, de massacres, d’exterminations ou d’incarcérations ».
« Quand les gens sont en vacances dans des endroits comme Cracovie en Pologne, ils vont souvent à Auschwitz qui se trouve à proximité. Ces lieux d’atrocités font partie du package touristique ».
Le tourisme de mémoire rappelle une bataille, un acte politique, un massacre
« Ce type de tourisme consiste à mettre en avant le patrimoine historique du lieu, en particulier quand le site en question a été marqué par un évènement ponctuel, marquant ou potentiellement douloureux. Ce peut être une bataille, un acte politique, un massacre« .
Le tourisme de mémoire se développe donc notamment par la visite de sites historiques notables, de cimetières militaires et de monuments anciens, mais aussi d’édifices commémoratifs bâtis après et indépendamment de l’évènement (musées et mémoriaux).
Il est donc bien normal d’évoquer ce tourisme qui inclut de très nombreuses destinations qui peuvent aller du site de « Ground Zero » à New York au Musée du génocide de Tuol Sleng à Phnom Penh.
Une conférence organisée par un des meilleurs spécialistes du tourisme
C’est la « Glasgow Caledonian University », à Glasgow, qui a accueilli cette conférence dans son centre « Moffat » du 28 Juin au 1 er Juillet. Elle est organisée par le professeur John Lennon. Ce professeur dirige le « Moffat » qui est sûrement le plus important centre éducatif au Royaume-Uni, pour les étudiants qui souhaitent étudier le voyage et le tourisme.
Le professeur Lennon a effectué des missions pour le compte de clients du secteur privé et du secteur public en Norvège, au Danemark, au Malawi, à Singapour, au Canada, en Lituanie, aux Caraïbes, en Afrique du Sud.
Une conférence pour savoir comment aborder ces sites touristiques « sombres »
Cette conférence est particulièrement destinée aux chercheurs du tourisme, aux historiens et aux employés de mémoriaux.
L’objectif est de réfléchir sur les expériences des visiteurs touristiques et leurs attentes. Mais, c’est également les conséquences qui en résultent pour le travail des lieux de mémoire, musées … La pratique et la fonction des agences et du voyage organisé et individuel seront également pris en considération.
Plusieurs sujets abordés durant la conférence
– Quels sont les problèmes et les défis liés au « tourisme de mémoire » comme facteur de rencontres populaires avec et la compréhension de l’histoire de l’Holocauste. Quel rôle joue le tourisme dans l’éducation de l’Holocauste ?
– Si le tourisme est une source de dégradation de l’environnement de la structure physique et du paysage, comment peut-il être équilibré avec la valeur éducative et l’expérience de la visite ?
– Comment le « tourisme sombre » peut être utilisé pour révéler les interconnexions historiques dans leur contexte géographique et historique respectif, par exemple entre l’occupation allemande, les sociétés locales et l’assassinat de masse en Europe centrale et orientale ?
– L’éducation, l’apprentissage et les meilleures pratiques dans le fonctionnement du site tragique – Comprendre les visites : perceptions de l’auditoire de sites touristiques « sombres » etc. …
Nous sommes tous curieux de connaitre ces lieux tragiques
Le côté obscur exerce une étrange attraction pour beaucoup d’entre nous au travers de romans policiers, de thrillers macabres, de reportages télévisés sur les meurtriers, des catastrophes naturelles, ou de visites dans des camps de concentration. La vérité est que, nous sommes curieux de connaître ces lieux.
Indéniablement il y a une certaine fascination parfois morbide, mais surtout, il y a un profond besoin de comprendre non seulement la souffrance qui se déroulait là-bas, mais aussi les profondeurs du mal que l’humain est capable d’accomplir.
La terminologie du tourisme de mémoire ne doit pas être confondue avec le tourisme de guerre. Ce dernier se réfère à l’attraction des visiteurs pour des zones actuellement touchées par un conflit.
Encore un thème, certes douloureux, mais intéressant, que les tour-opérateurs et agences de voyages doivent explorer.
Serge Fabre
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