Ici à La Quotidienne, nous connaissons Stéphane Loiselier depuis longtemps. A une époque pas si lointaine, il régnait en maître dans le Marais en tant qu’organisateur de séjours pour les LGBT. Il a innové dans les croisières spéciales pour les gays français. Puis soudain, il a disparu. On a voulu en savoir davantage.
La Quotidienne : Stéphane, quel a été votre parcours professionnel avant d’arriver à devenir patron d’Attitude Travel ?
Stéphane Loiselier : J’ai été comédien et j’ai voyagé pendant à peu près 10 ans. Ensuite, j’ai décidé de faire une école de tourisme à 29 ans, car
j’avais l’idée de proposer du tourisme de niche. J’ai pu concilier le tourisme et mes activités artistiques notamment durant des évènements.
LQ : Attitude était une agence connue dans le Marais. Quelles ont été les raisons de sa fermeture ?
SL : Après 11 ans et du travail 7/7, je me suis retrouvé confronté au succès des croisières et clubs que nous organisions. J’estimais que certains fournisseurs augmentaient leurs tarifs sur les affrètements que je ne trouvais pas cela justifié.
Les fournisseurs pensaient que la clientèle gay avait les moyens suffisants pour pouvoir augmenter les prix. J’ai refusé. Par ailleurs, j’avais besoin de reprendre mon souffle toutes ces années de labeur. J’avais également envie de gérer mon travail et ma vie professionnelle d’une autre manière. J’ai baissé le rideau proprement !
LQ : Les croisières pour les gays fonctionnent formidablement chez les anglo-saxons et même chez TUI en Allemagne. Pourquoi tant de difficultés en France ?
SL : Pour la 1ère croisière nous avions rempli à 90%. La 2ème croisière fut un succès avec 100% de remplissage. Le succès a également été au rendez-vous pour la troisième croisière. En pleine période de commercialisation, nous avions subi un changement de navire en passant de 750 à 350 cabines. Ce fut une des raisons de mon choix d’arrêter.
LQ : Désormais vous avez lancé www.mygayplaces.com. C’est donc un site réservé à la clientèle LGBT. On observe, par exemple, que les offres de voyage pour cette cible sont très réduites en France comparativement aux US. Pour quelles raisons d’après vous ?
LS : La communauté gay en France ne fonctionne pas du tout de la même façon qu’aux Etats-Unis. Chez nous, la clientèle gay est plus individuelle. Elle semble moins vivre dans un esprit communautaire.
Pendant plusieurs années, j’ai eu la chance d’organiser de grands évènements gays (croisières et clubs) qui ont vraiment rencontré du succès et apporter une vraie visibilité. Ce fut une aventure extraordinaire, mais les investissements propres étaient très lourds. J’ai donc préféré me concentrer sur le tourisme individuel.
LQ : Quelles sont les destinations proposées sur MyGayplace.com ?
LS : Tout d’abord, je tiens à préciser que 40 % de notre clientèle voyage sur toutes les destinations classiques. Le tourisme gay n’est pas cantonné aux « hotspots » comme Mykonos, la Grande Canarie ou Sitgès.
Les gays voyagent partout et même sur des endroits classiques, voire même pas spécialement gays. Malgré tout, la Grande Canarie reste la destination numéro 1. Nous avons également de nombreux clients sur l’Amérique du Nord et sur l’Océan Indien.
LQ : MyGayPlace.com effectue sa propre production ou fait de la revente TO ?
LS : Afin de cultiver notre différence, nous produisons directement nos produits. Nous travaillons directement avec des établissements gays. Les tours opérateurs classiques ne représentent qu’environ 10 % de nos ventes.
LQ : Il semble que mygayplace.com travaille avec des agences de Tourcom. Pouvez-vous nous en donner les raisons m’indiquer les relations et pourquoi ce lien ?
SL : Après l’arrêt d’Attitude, personne n’a réellement réussi à se mettre sérieusement sur le créneau. Avec le réseau Tourcom, j’ai pu développer mygayplaces.com à distance, sans agence physique, uniquement internet et téléphone (7/7). J’ai également une activité complémentaire et j’ai créé pour « Tangka », un réseau d’agences de voyages à distance qui occupe environ 20 agents de voyages à distance.
LQ : Quel est le nombre de personnes travaillant à 100 % chez Mygayplaces.com et combien de clients ?
SL : Trois personnes à 100 % pour environ 2 000 clients par an et 10 % de progression chaque année.
Stéphane Loiselier ne regrette pas d’être passé de la lumière du Marais à Paris à un site internet. Le principal est d’être apaisé dans son travail et heureux dans sa vie privée.
Serge Fabre