Après une mauvaise année 2016, conséquence notamment de la menace terroriste, la France espère renouer cette année avec une fréquentation touristique record, mais le gouvernement insiste sur les efforts à fournir pour atteindre l’objectif ambitieux de 100 millions de visiteurs en 2020.
« Selon nos prévisions, la France pourrait atteindre 88 à 89 millions de touristes en 2017, soit une hausse de 5 à 6% par rapport à 2016« , a annoncé lundi dernier le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, durant un déplacement à Giverny (Eure).
[1]« Lors du premier semestre de cette année, nous sommes revenus à un niveau de fréquentation similaire à 2015« , année du précédent record, a ajouté le ministre, également en charge du tourisme.
En 2016, la France avait accueilli près de 83 millions de visiteurs étrangers, après 85 millions en 2015. Cette baisse s’expliquait par les conséquences des attentats, mais aussi par des intempéries et d’importants mouvements sociaux au printemps.
[2]« On nous avait annoncé une nouvelle politique mais, là, c’est de la vieille politique, avec des chiffres qui ne signifient pas grand-chose car nous perdons chaque année des parts de marché par rapport à nos voisins« , a réagi Didier Arino, directeur du cabinet Protourisme.
Frappée par les attentats de Paris en novembre 2015 et de Nice en juillet 2016, la France, première destination touristique mondiale, avait subi une baisse de fréquentation l’an dernier. Mais les voyageurs affluent de nouveau et de nombreux professionnels ont fait état de chiffres en nette croissance pour le printemps et l’été 2017.
De son côté, Didier Chenet, président du Groupement national des indépendants (GNI), a estimé que 88 à 89 millions de visiteurs étrangers pour 2017 est « un objectif ambitieux » mais « que l’on peut espérer atteindre car les chiffres sont au beau fixe« .
[3]Il note cependant que, « si la fréquentation est en hausse, les prix eux ne sont pas revenus au niveau de 2015« .
Le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), Roland Héguy, a lui aussi jugé les chiffres annoncés par M. Le Drian « ambitieux« , et dit espérer que les touristes consomment « au même niveau de dépenses que dans les autres pays européens« .
Le niveau augmente globalement
Les touristes en provenance d’Allemagne et d’Espagne « sont en hausse de plus de 3 %« . D’autres clientèles, « qui étaient en fort recul comme le Japon, la Russie et le Brésil, augmentent de près de 30 %. L’Inde continue sa progression avec plus de 20 % et les États-Unis enregistrent une croissance historique de 16 %« , a détaillé le ministre.
[4]Il a attribué ces bons chiffres à la « forte augmentation des capacités aériennes » ainsi qu’à « une baisse des tarifs« .
M. Le Drian a réaffirmé l’objectif formulé par l’ancien gouvernement d’atteindre 100 millions de touristes étrangers à l’horizon 2020, le qualifiant d' »ambitieux » mais à « (notre) portée ».
Interrogé sur la manière d’atteindre cet objectif, le ministre a listé plusieurs conditions: « Une grande efficacité dans les outils, une grande cohérence dans la gouvernance » et enfin « investir dans l’accueil, l’hôtellerie et les infrastructures« .
Il a également avancé l’objectif de 50 milliards d’euros de recettes touristiques internationales en 2020.
« La finalité doit être de créer 300.000 emplois supplémentaires sur l’ensemble du territoire national« , a-t-il dit.
Le secteur du tourisme représente déjà près de 8 % du Produit intérieur brut et deux millions d’emplois directs et indirects, d’après les données officielles.
M. Le Drian a évoqué une politique de « grands projets« , « qui pourrait être lancée en identifiant dans chaque région un projet structurant« , avec le soutien financier du gouvernement.
Il a notamment cité « la réhabilitation et la création d’hébergements en montagne et sur le littoral« .