Depuis l’interdiction par le Premier Ministre de voyager hors Union Européenne et de rentrer dans les départements et territoires d’outre-mer, le trafic aérien s’est effondré. L’injonction du Ministre des Affaires Etrangères « Ne voyagez pas ! Ne voyagez plus ! » a transformé le voyage en acte délictuel. Quatre personnalités majeures du monde du tourisme professionnel poussent un cri d’alarme pour tenter de sauver une saison touristique 2021 déjà mis à mal par la décision de fermer les frontières.
« Au stade actuel de la pandémie en Europe, rien ne prouve l’efficacité de la fermeture des frontières imposée par la France : elle ne ralentit pas depuis deux semaines la propagation des « variants » » constatent ainsi, amers, Jean Pierre Mas (président des EDV) , René marc Chikli (président du syndicat des Tour opérateur) , Mumtaz Teker, président de Pacha Tours et Jean François Rial, le président de Voyageurs du monde.
Toutefois, si cette mesure était efficace, il faudrait l’appliquer rigoureusement. Ce qui est loin d’être le cas :
– Plus de 80 % des entrées en France s’effectuent par voie terrestre et les tests PCR sont impossibles à contrôler pour les voyageurs provenant d’un pays européen par voie terrestre. Seuls les aéroports sont en mesure de garantir un contrôle rigoureux.
– Les travailleurs frontaliers sont dispensés de test et n’ont besoin que d’une attestation de domicile.
– Le blocage des frontières internationales est facilement contournable en transitant par un autre pays de l’Union Européenne.
Un impact lourd pour l’économie du tourisme
– En février 2020, 3 millions de Français sont partis en vacances à l’étranger ; ils seront moins de 200 000 cette année, en Europe exclusivement.
– Au cours de la même période de 2020, 5 millions d’étrangers sont venus en France. Ils seront rares cette année.
– Le tourisme dans les départements et territoires d’Outre-mer est à l’arrêt alors qu’il représente 10% du PIB et génère plusieurs dizaines de milliers d’emplois directs et indirects. En février 2020, 100 000 touristes métropolitains ont séjourné aux Antilles françaises.
– L’hiver est également la saison des voyages scolaires et notamment des classes de neige et des classes découvertes (un million de séjours) ; quasiment toutes annulées au détriment des enfants issus souvent de milieux défavorisés.
La mobilité des expatriés est limitée : les voyages effectués par les expatriés (français travaillant hors d’Europe et étrangers travaillant en France) sont à l’arrêt sauf motif impérieux.
Le secteur du voyage d’affaires est fortement affecté : l’arrêt des déplacements professionnels hors Union Européenne impacte fortement l’activité des entreprises.
La vie dans un environnement Covid ne pourra longtemps se réduire à l’immobilisme. Il est donc nécessaire de faciliter les déplacements indispensables à l’économie et plus généralement à la vie, tout en évitant la propagation du virus.
Chaque Etat est libre de déterminer les conditions sanitaires d’accès à son territoire. Ces conditions peuvent varier dans le temps en fonction de l’origine des voyageurs. Elles résident essentiellement en la fourniture de tests récents (PCR, antigéniques, détection des anticorps…). La preuve de vaccination sera probablement imposée par un certain nombre de pays, avec des critères variables : une injection, deux injections, date de la vaccination, type de vaccin…
Il n’est pas concevable d’espérer une harmonisation mondiale. Les expériences récentes, soulignant le désordre dans la fermeture des frontières, excluent même une coordination européenne à moyen terme.
Un « certificat sanitaire digital » permettrait de disposer des informations à jour relatives aux tests et aux vaccinations
Il pourrait être consulté facilement, sous forme de QR Code par exemple, au passage des frontières, à l’embarquement dans un avion, un bateau ou un moyen de transport terrestre en prenant en considération les exigences du pays de destination. Il serait procédé à la même consultation à l’arrivée dans le pays de destination.
Techniquement, la réalisation et la mise à jour de ce support digital ne pose pas de problème majeur. Son caractère numérique facilitera sa reconnaissance par les Etats.
Le projet de « coronapass » danois s’inscrit dans cette perspective. La protection des données personnelles peut parfaitement être traitée.
Créer un certificat sanitaire ne revient pas à se substituer à une politique publique, chaque Etat demeurant libre de décider des conditions d’accès à son territoire (vaccins, tests, nationalités…).
Première destination touristique mondiale en nombre de visiteurs, la France pourrait cesser d’opposer mobilité et sécurité sanitaire, en ne trainant pas les pieds sous de faux prétextes et en prouvant, au contraire, sa capacité d’anticipation.