Reconnaissons que la période est faste pour le transport aérien, voire même à l’excès. Les planètes se sont alignées comme on dit en politique. Les grands groupes américains ont réussi leur restructuration à coups de « Chapter 11 », et le résultat est très payant. Le pétrole semble s’être installé à un niveau confortable pour les compagnies. La demande de transport continue à accroître de plus de 5 % par an, on est plutôt vers une tendance haute 7 %.
Les nouveaux appareils sont plus performants non seulement en termes de consommation et de confort, mais ils ne nécessitent plus une maintenance aussi lourde que par le passé. Bref, tout semble aller pour le mieux depuis 3 ans, à tel point que sur les 100 premières compagnies dont les résultats pour l’année 2016 ont été publiés par « Flight Airline Business », le résultat opérationnel représente 8,72 % du chiffre d’affaires et le résultat net s’établit à 5,18 %.
[1]Au total les 100 premières compagnies qui représentent aux alentours de 85 % du volume mondial, affichent 57 milliards de dollars de résultat opérationnel et 34 milliards de résultat net pour un volume de ventes de 662 milliards de dollars. Il n’est cependant pas inutile d’entrer dans le détail géographique, tout au moins par continent.
Les grands américains
Ils ont de nouveau trusté le groupe de tête des compagnies aériennes. Il faut maintenant parler de groupes car American Airlines, Delta Air Lines ou United sont le résultat de mégas fusions réalisées lors de leur passage par le « Chapter 11 », ce qui leur a permis de supprimer de puissants concurrents et de dégraisser très largement leur nombre de salariés.
A eux trois, ils représentent plus de 116 milliards de dollars de chiffre d’affaires, pour une marge opérationnelle supérieure à 16 milliards de dollars, soit 13,80 % et un résultat net de 8 % du chiffre d’affaires à 9,3 milliards de dollars. Et on dira après cela que les transporteurs américains n’ont pas bénéficié de facilités de la part de leur gouvernement !
Ils suivent juste derrière puisque que le groupe Lufthansa et le groupe Air France/KLM occupent les 4 et 5 ème positions et IAG la 8 ème . Dans l’ensemble ils se portent plutôt bien car tous ont sensiblement redressé leurs comptes. Ainsi pour un chiffre d’affaires global de plus de 87 milliards de dollars, ils dégagent un résultat opérationnel de 5,9 milliards de dollars soit près de 7 % et un résultat net proche de 5 milliards de dollars soit 5,7 %. Un tel objectif aurait été rêvé au début des années 2010.
Le petit point noir est que le groupe Air France/KLM est encore à la traine même s’il a fortement rétabli sa situation par rapport à 2014.
Les opérateurs du Golfe
[3]Ils sont à la peine. Leurs performances se sont effondrées et encore les résultats d’Etihad ne sont pas publiés. Il faut dire que la compagnie d’Abu Dhabi a été amenée à changer totalement de stratégie et à se désengager des participations qu’elle avait acquises à marche forcée. Or il faudra bien les passer dans le compte de pertes et profits et l’affaire sera particulièrement douloureuse.
Certes le groupe Emirates reste encore largement profitable, mais son niveau de résultat n’est plus aussi flamboyant qu’auparavant. Il est devant un double défi : retrouver un dynamisme qui semble s’essouffler tout en faisant face au départ de son charismatique patron : Tim Clark, annoncé pour très bientôt.
Dans le même temps Qatar Airways est confronté à une situation diplomatique qui ne va certainement pas arranger ses affaires et Oman Air qui manifestait ses ambitions, affiche une perte historique qui représente 27 % de son chiffre d’affaires.
[4]Les compagnies asiatiques
Hormis Korean Air dont la perte se monte, pourrait-on dire, à 509 millions de dollars, soit plus de 5 % de son volume de ventes, elles vont dans l’ensemble plutôt bien si tant est que l’on puisse faire confiance aux chiffres affichés par les compagnies chinoises.
Le redressement de Japan Airlines est tout simplement spectaculaire avec une marge nette supérieure à 12%, ce qui prouve qu’un dépôt de bilan bien mené peut avoir des effets positifs considérables.
Les transporteurs africains
Ce continent est encore à la traine alors que le transport aérien est vraiment stratégique dans cette partie du monde.
[5]Seules 4 compagnies apparaissent dans la liste des 100 premières : Ethiopian Airlines en position 57, Egyptair au rang 76, Royal Air Maroc 80 ème et Kenya Airways ferme la marche en 100 ème position. Cette dernière perd encore de l’argent alors qu’Ethiopian et Royal Air Maroc sont en profit. Quant à Egyptair, elle ne publie pas ses comptes.
Quelles petites notes pour terminer :
La plus grosse marge opérationnelle est réalisée par Delta Air Lines avec 6,9 milliards de dollars soit 17,4 %, mais le meilleur ratio est détenu par Air Asia avec 28 % suivie par Ryanair avec 23 %.
Le meilleur profit net est à mettre encore au crédit de Delta Air Lines avec 4,4 milliards de dollars, 11 %,
mais les meilleures performances par rapport à leur volume sont encore réalisées par Air Asia : 28 % et Ryanair 20 %.
La palme de la plus grosse perte revient à Air Berlin avec 862 millions de dollars soit 21 % de son chiffre d’affaires, les chiffres d’Alitalia ne sont pas publiés. Décidément Etihad Airways n’a pas eu la main heureuse dans ses prises de participations.
Jean Louis Baroux