Nous sommes en permanence abreuvés d’informations sur le transport aérien. Il faut reconnaître que le sujet est intéressant et qu’il concerne la majorité d’entre nous. Les professionnels, bien entendu, mais également le grand public. Chaque fois qu’un accident vient, hélas, endeuiller cette profession, la nouvelle en est commentée à la une de tous les médias écrits ou audiovisuels. Et c’est bien normal.
[1]Mais face à cette abondance d’informations, que savons-nous au fond, des grandes évolutions du transport aérien ? Pour ce faire, il faut se plonger dans la lecture attentive des supports professionnels mondiaux, dont la plupart sont publiés en langue anglaise. Mais, les articles de fond, les analyses en profondeur, sont rares, même dans ces médias.
Or, ces sujets sont disponibles en France même. Le cabinet ID Aero, dirigé par Jacques Delys, publie tous les mois un remarquable document, le tableau de bord mensuel appelé TBM Aero. Il regroupe la plupart des données utiles sur le transport aérien, les présente sous forme de graphiques, ce qui facilite la lecture et les met en perspective. J’ai sous les yeux celui de février 2016 qui traite de toute l’année précédente. Qu’y trouve-t-on ?
D’abord tout ce qui concerne le trafic aérien analysé à partir des PKT (Passagers Kilomètres Transportés) et des SKO (Sièges Kilomètres offerts), ce qui permet de mesurer exactement son activité. Les chiffres sont bruts, mais expliqués par rapport aux événements survenus pendant cette période et avec une perspective sur plusieurs années. Ainsi, sur les trente dernières années, on voit clairement que trois exercices seulement ont été en décroissance : 1991 qui correspond à une période de récession et la première guerre du Golfe, 2001 : c’est le 11 septembre et 2008 : la crise financière qui a entraîné la récession. Cela n’a cependant pas affecté la croissance moyenne de 5 %.
Mais les données sont également analysées par continent, par type de compagnies : les traditionnelles et les low costs et les grandes tendances sont dégagées pour les années à venir.
Le TBM consacre aussi une grand partie aux constructeurs : le nombre de commandes brutes et nettes (déduction faite des annulations), le nombre appareils retirés du service, les livraisons etc… le tout par constructeur et analysé par type de capacité des appareils. Ainsi, on apprend que les carnets de commande à fin 2015 étaient de 14.634 appareils soit 700 de plus qu’en 2014. Ces chiffres sont à rapprocher des livraisons qui ont été de 1.579 avions en 2015. Autrement dit le carnet de commande est à peu près équivalent à 10 années de production. Même si plus de 500 appareils ont été retirés du service en 2015, soit un peu plus de 2% de la flotte, le nombre en opération continue à croître de près de 4%. Cela doit tout de même poser de sérieuses questions aux aéroports.
L’analyse couvre également les avions régionaux et les avions d’affaires toujours par constructeur.
Bref voilà une mine d’information à laquelle il serait souhaitable d’ajouter une présentation sous forme de cartes. Je regrette que les publications ID Aero n’arrivent pas à être suffisamment médiatisées. Si cette rubrique peut apporter un surcroît de visibilité, j’en serai heureux.
Dans un tout autre ordre d’idée, la société Aeronew TV publie chaque jour, en français et en anglais, sur son site de web télévision un petit film qui ne dure jamais plus de 2 minutes et qui traite en très peu de temps mais de manière parfaitement claire un sujet qui peut aller d’un aspect très technique à un événement étonnant. Je suis surpris d’y trouver tous les jours un intérêt, même si le sujet traité est loin de mes préoccupations quotidiennes. L’accès est gratuit. Il suffit de s’inscrire sur le site : aeronewstv.com.
Les professionnels du transport aérien et du tourisme ne peuvent pas réfléchir uniquement à court terme. Ils doivent avoir une vision claire des grandes tendances, or celles-ci sont complexes à déceler. Nous avons en France des passionnés du transport aérien capables de délivrer une analyse utile et une information souvent originale, en tous cas décalée par rapport à la vision anglo-saxonne qui nous est en permanence distillée. Je n’ai rien contre cette dernière, mais il n’est jamais inutile d’avoir un autre point de vue.
Jean-Louis BAROUX