Back to the future, le gouvernement français, par l’entremise de la DGCCRF réinvente la version numérique bocca di leone. Un instrument de connaissance, donc de pouvoir qui à l’époque de la sérénissime république de Venise remplissait efficacement des fonctions de basse police : moucharder, balancer, dénoncer son prochain.
Bref rappel historique : Les bouches de dénonciation étaient des sortes de boites aux lettres conçues pour recevoir les dénonciations. Un petit billet glissé discrètement dans la bouche entrouverte et, comme Casanova, vous pouviez vous retrouver aux Piombi – la prison des plombs située sous les toits du palais des doges.
N’importe qui pouvait décider du sort de votre vie.
Heureusement, les dénonciations n’étaient pas anonymes, il valait mieux les étayer et gare aux auteurs de dénonciations abusives.
Dans sa version française, les dénonciateurs ne risqueront rien. Il leur suffira de contacter le tout nouveau site Signal Conso – https://www.signalconso.beta.gouv.fr/
C’est donc une version française d’une bocca delle verità initiée par la DGCCRF pour dénoncer les problèmes, les abus, les litiges que les consommateurs estiment avoir subis et leur dénonciation sera enregistrée et transmise au professionnel objet du signalement.
Là est le progrès, à Venise, on pouvait vous enfermer, sous la République française ce risque n’existe pas. Comble du raffinement, on prend même la peine d’informer le dénoncé.
Bien sûr la profession d’agence de voyages est au rang des têtes d’affiche.
Comme dans la sérénissime république, si la dénonciation est prise en compte, une enquête sera diligentée pour vérifier les faits et la DGCCRF interviendra (si elle a le temps et la connaissance de l’environnement juridique professionnel du secteur d’activité ce qui n’est pas certain.)
Ce qui sera une porte ouverte à tous les abus, toutes les incompréhensions qui perturberont encore un peu plus le quotidien des agents de voyages.
Un modèle, facile à mettre en place, bien dans l’air du temps de la nouvelle société numérique. Sans aucune moralisation pour les détracteurs.
Le seul avantage, c’est qu’ils ne seront pas anonymes. Point de corbeaux donc, mais une porte ouverte aux râleurs frustrés La France en compte beaucoup actuellement.
François Teyssier