Les vraies conséquences du Brexit sur le transport aérien
28 juin 2016 Jean-Louis Baroux Aucun commentaire À la une Alain Battisti, Brexit, Easyjet, Flybe, FNAM, groupe IAG, Ryanair 4526 vues
Bon, c’est fait, les Britanniques ont décidé de quitter la Communauté Européenne. C’est leur choix. Il est respectable. Mais il ne sera pas sans conséquences et tout d’abord dans le secteur très convoité et en croissance du transport aérien.
Par le règlement 2408/92 du 21 juillet 1992, le transport aérien a été entièrement libéralisé entre les pays de la CEE. Les compagnies ont eu 5 ans pour s’adapter, et il est complètement entré en vigueur le 01 avril 1997.
En clair, cela signifie que n’importe quelle compagnie européenne peut desservir n’importe quelle ligne à l’intérieur des pays de la CEE, y compris les vols intérieurs au sein de chaque pays. Et cela a fait la prospérité de certains transporteurs appuyés sur une législation sociale peu coûteuse, ce qui est le cas des compagnies britanniques.
Sans aucun doute, la première bénéficiaire a été EasyJet suivie de Ryanair. Les deux compagnies ont mis au point un modèle « low cost » qui repose grandement sur une flexibilité du droit du travail de leurs pays d’origine respectif : la Grande Bretagne et l’Irlande, laquelle permet une bien meilleure utilisation du personnel et des appareils.
A partir de ce modèle difficilement réplicable dans d’autres pays, les deux transporteurs ont pu installer un réseau puissant basé sur les facilités accordées par le fameux règlement 2408/92.
Seulement la donne a changé brusquement suite à la décision de la Grande Bretagne de quitter l’Europe. Bien entendu, Ryanair ne sera pas affectée car elle est de droit irlandais et ces derniers n’ont aucune intention de s’éloigner de la CEE, ils y trouvent trop d’avantages. Par contre pour EasyJet la situation risque d’être très différente. En effet si le Royaume Uni quitte l’Europe comme la décision en a été prise, les transporteurs britanniques ne pourront plus bénéficier des facilités de droits de trafic octroyées uniquement aux ressortissants de la CEE.
Les conséquences risquent d’être brutales. Les droits de trafic devront alors être négociés entre la Grande Bretagne et l’Europe et il est certain qu’ils ne seront plus accordés par les pays continentaux de manière aussi libérale que par le passé. EasyJet risque bien alors de se voir retirer nombre de lignes particulièrement intéressantes pour son économie.
Je veux parler non seulement des lignes métropolitaines telles qu’Orly-Nice ou Toulouse, mais de nombre de dessertes internationales européennes lesquelles sont particulièrement profitables.
La même politique devra également s’appliquer à FlyBe, encore que cette dernière soit moins exposée car les lignes transversales qu’elle dessert sont très utiles aux économies régionales. British Airways risque également de se trouver impactée.
Dans quelle mesure le groupe IAG à capitaux essentiellement britanniques ne se trouvera-t- il pas dans l’obligation d’être démantelé ?
Et puis, sans aucun doute, les pays européens vont profiter de la secousse envoyée par les anglais pour réformer les excès du tout libéralisme que ces derniers ont tout de même imposés.
Il serait surprenant que des avancées très importantes ne soient pas faites vers une meilleure harmonisation sociale et fiscale. Dans ce cas, les avantages considérables dont ont bénéficié les deux grandes compagnies « low cost », je veux parler d’EasyJet et de Ryanair, risquent de fondre comme la banquise.
Et les conditions d’exploitation vont très probablement être revues au bénéfice des transporteurs qui doivent actuellement subir toutes les contraintes sociales et fiscales sans pouvoir bénéficier d’une quelconque protection.
Certes il sera toujours possible pour les anglais de renégocier des accords aériens proches du « ciel ouvert » actuel, mais il serait très surprenant qu’ils n’y perdent pas de très sérieuses plumes.
Au fond, pour le transport aérien européen le Brexit est peut-être une excellente nouvelle. Cela va permettre de corriger des inégalités de traitement flagrantes entre les charges que doivent supporter transporteurs européens et leurs concurrents britanniques. Il est possible que les consommateurs voient les tarifs aériens augmenter, mais dans de faibles proportions, mais en échange, ce sera la fin de la destruction massive d’emplois dans ce secteur.
Finalement, la remise à niveau qui va inéluctablement avoir lieu, correspond ni plus ni moins à ce que demandent les responsables des compagnies françaises au premier rang desquels Alain Battisti, le Président de la FNAM, la Fédération Nationale de l’Aviation Marchande.
Jean-Louis BAROUX
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