Les Wi-Fi ouverts des hôtels, irrésistibles pour les cyber criminels ?
30 août 2016 Rédaction Aucun commentaire À la une hotels, Kaspersky Lab, Tanguy de Coatpont, wifi 4064 vues
Depuis 10 ans, le cyber crime s’est largement professionnalisé pour devenir une véritablement industrie, portée sur la rentabilité. Les cybercriminels sont en quête permanente de victimes qui leur assureront un maximum de gains pour un minimum d’investissements techniques.
De son côté, l’industrie hôtelière a passé la dernière décennie à se transformer pour répondre aux nouvelles attentes digitales de ses clients. Alors que plus d’un quart[1] d’entre eux annoncent qu’ils refuseraient de séjourner dans un hôtel ne proposant pas de Wi-Fi, la technologie n’est plus un luxe mais bien une question de survie pour les établissements hôteliers.
Face aux ruptures liées à la numérisation, il a donc fallu repenser les modèles existants et s’équiper, parfois en hâte, de nouvelles technologies mal maîtrisées. Il n’était donc pas surprenant de voir émerger rapidement des problèmes de sécurité, dans les hôtels bon marché comme dans les 5 étoiles.
Le paradoxe du Wi-Fi à l’hôtel : privé mais public
Ils ont beau être déployés dans des établissements privés, les Wi-Fi d’hôtels restent des points d’accès publics. Ils sont même parfois complètement ouverts.
Le processus de connexion, qui nécessite le plus souvent de confirmer son identité et son numéro de chambre, limite l’accès au réseau mais ne chiffre pas les communications.
Il ne garantit pas non plus leur confidentialité.
Est-ce que cela signifie que nos informations sont à la portée de tous ? La réalité n’est pas aussi sombre, mais elles sont à la portée de n’importe quel criminel équipé d’un logiciel de piratage, dont certains sont disponibles gratuitement en ligne, et disposant de connaissances techniques de base.
Concrètement, il suffit à un criminel de se positionner virtuellement entre l’utilisateur et le point de connexion pour récupérer toutes les données qui transitent par le réseau, qu’il s’agisse d’emails, de données bancaires ou encore de mots de passe qui lui donneront accès à tous les comptes de l’internaute. Une approche plus sophistiquée consiste à utiliser une connexion Wi-Fi non sécurisée pour propager un malware, en créant par exemple des fenêtres pop-up malveillantes qui invitent faussement l’utilisateur à mettre à jour un logiciel légitime comme Windows.
Pour une industrie aussi fragmentée que celle de l’hôtellerie, la sécurité est sans aucun doute un défi. Les hôtels indépendants ont une capacité d’accueil réduite et traitent donc moins de données.
Le revers de la médaille est qu’ils disposent souvent d’une expertise informatique limitée et leur taille ne permet pas de réaliser les économies d’échelle qui rentabiliseraient un investissement important dans la sécurité informatique.
Quant aux grands groupes, qui comptent des ressources humaines et financières plus importantes, ils sont mis à mal par l’étendue de leur écosystème, qui rend difficile l’harmonisation d’une politique de sécurité sur des centaines, voire des milliers de sites.
Il est important que tous les hôtels, quelle que soit leur taille ou leur catégorie, respectent quelques règles simples à commencer par l’isolation de chaque client sur le réseau, l’utilisation de technologies de chiffrement et l’installation de solutions de sécurité professionnelles.
Enfin, le réseau Wi-Fi offert aux clients ne doit jamais être connecté au reste du système informatique de l’hôtel, afin d’éviter qu’une petite infection ne se transforme en épidémie généralisée. En respectant ces règles, la sécurité pourrait devenir un argument commercial au moins aussi efficace que le Wi-Fi.
Par Tanguy de Coatpont,
Directeur général de Kaspersky Lab France et Afrique du Nord
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