L’Organisation Mondiale du Commerce (W.T.O – World Travel Organization en anglais), organisme international basé à Genève en charges des règles régissant le commerce mondial, vient de constater que l’avionneur américain Boeing perçoit de la part de l’état de Washington d’importantes exonérations de taxes.
Pour l’O.M.T, c’est une distorsion majeure de concurrence qui fausse les règles et l’équité du commerce mondial.
Dans un premier temps, il a demandé au gouvernement fédéral américain de faire cesser dans les mois qui suivent cette pratique illégale. Une aide promise par l’état de Washington qui devait s’appliquer de 2024 à 2040 sous réserve que Boeing maintienne à Tacoma la production de son futur gros porteur, le Boeing 777 X.
Pour l’Union Européenne, c’est une victoire importante dans la guerre commerciale qui oppose Boeing à Airbus.
L’O.M.T estime les aides illégales versées s’élèvent à 5,7 milliards de dollars sur un total de 8,7 milliards d’aides et subsides diverses.
Boeing juge que l’estimation des mesures incitatives versées par l’état de Washington n’est que de 50 millions de dollars par an. Un grand écart entre les belligérants. Une péripétie importante d’un combat qui a débuté en 2004.
Tim Neale, le porte-parole de Boeing précise : « Nous sommes la seule entité crédible qui peut avancer un chiffre à ce sujet. » Il précise par ailleurs que « Cinquante millions de dollars par an, cela fait un total de un milliard de dollars sur vingt ans. » Pourquoi pas ?
En réponse, Cécilia Malmstrom, rapporteur du commerce européen se félicite « d’une importante victoire de l’Union Européenne et son industrie aéronautique et souhaite que les États Unis respecteront les règles équitables du commerce en cessant sine die les subventions et autres exonérations à Boeing. » Du politiquement correct made in Bruxelles.
Le Président d’Airbus, Fabrice Bregier a argumenté sur le fait que l’aide de l’état de Washington à Boeing permettrait à ce dernier de financer gratuitement le Boeing 777X à l’aide des seules exonérations de taxe. Sur le dos des contribuables américains. Une perte qu’il estime à 50 milliards de dollars pour Airbus et l’industrie aéronautique européenne et ce uniquement pour le futur gros porteur américain.
La réponse Jay Inslee le Gouverneur de l’État de Washington fut cinglante « Nous estimons que c’est la bonne chose à faire pour préserver le futur économique de notre état. Pour la pérennité de l’emploi des 88 000 travailleurs de Boeing et ses sous-traitants. » Une réponse cash made in U.S.A !
Et pendant ce temps, que fait l’Europe ? Airbus restructure et confirme ce jour la suppression de 1 164 postes et la fermeture à terme de son unité de Suresnes. Le géant aéronautique est pourtant fort pourtant d’un carnet de commande rempli pour les dix prochaines années.
Fiat lux, l’Europe semble bien avoir digérée les règles du capitalisme sauvage. Mais, elle oublie le volet social et humain qui pourtant fait partie des valeurs des principaux états européens. Que la leçon vienne des États Unis est un vrai paradoxe. Mais c’est avant tout du pur pragmatisme anglo-saxon.
Nul doute que cette passe d’arme est loin d’être terminée. Business is business. La récente élection de Donald Trump ne peut mettre qu’un peu plus d’huile sur le feu. Le protectionnisme sera sans doute la règle.
François Teyssier